Rallye raid du Perche
Samedi 22 et dimanche 23 avril 2000

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Sortie Rallye raid VTT du perche
Date 22 et 23 avril 2000
Conditions Temps apocalyptique, terrain détrempé (boue au niveau des roues...)
Présents 115 km : 7 équipes T&A !!!!
Auteur Bafouille sur la sortie
Eric

Dur, dur de décrire St Agil. Il faut le vivre au moins une fois pour comprendre le plaisir qu’on peut avoir à faire ce raid qui ressemble plus sur le papier à une galère sans nom qu’à une pratique sportive ludique.

D’abord, à St Agil, il pleut. C’est comme ça et personne ne pourra rien y changer. Tant mieux d’ailleurs, parce qu’il faut que les chemins là bas soient détrempés pour que la boue soit liquide. S’il fait beau, comme je n’y ai jamais vu les chemins secs, c’est de la colle et là, c’est vraiment horrible.

Hors donc nous arrivâmes ce fameux Samedi matin avec la logistique de Tourisme et Aventure, à savoir 2 Kangoos en véhicules légers, un transport de troupes combi Boxer 9 places pour les valeureux combattants et nos accompagnateurs, un Iveco dans lequel ont été entassés tous les vélos et l’antique J7 de Michel qui va servir de local fixe après un " léger " réaménagement de la cour intérieure de la salle des fêtes du village.

Suit la mise en condition de l’ensemble : tenues enfilées, plaques de cadre mise en place, vélos déchargés. Tiens, c’est bizarre, tous les vélos amenés sont les vélos d’hiver, voire même avec les suspension avant remplacées par de bonnes vieilles fourches rigides, sauf Jean-Yves qui a amené sont beau tout suspendu tout neuf. Il a une excuse, c’est sa première participation. Il ne savait pas ce qui l’attendait.

T&A amène 7 équipes sur 36, on se devait de mettre de l’ambiance : tout le monde se place dans un beau chahut pour la première épreuve, le prologue.

Principe simple s’il en est : les équipes composées de trois membres désignent le plus inconscient d’entre eux qui part seul et à fond vers une boucle de 10km en VTT pour passer le relais aux deux autres qui partent pour le même parcours mais ensemble. Les premiers arrivent… couverts de boue. On s’y attendait mais ça fout quand même un choc. Je démarre donc avec Nico lorsque Fred nous passe le relais la langue emmêlée dans les rayons. Petit bout de route et on embraye dans le chemin . Horreur, une patinoire de boue liquide. On fait nos 10 bornes la dedans et à bloc bien sur. On croise Ludo et Christophe qui s’étaient paumés (on va voir qu’ils en ont fait une habitude) et on termine à 3 équipes de Tourisme et Aventure dans un mouchoir de poche.

Suit l’épreuve VTT pur de 40km, en ligne de St Agil à Souday, d’où l’obligation de transférer nos affaires du premier au second. C’est là que la logistique de TA et les accompagnateurs sont les bienvenus : merci Bernard et Brigitte. On part donc dans le sens inverse du classement provisoire, par équipe complète ce coup-ci et sous la pluie comme de bien entendu. Tactique efficace : le coup de l’aspiration entre équipiers sur les quelques bouts de routes ou de chemins blancs (problème : on se prend des seaux d’eau dans la tronche en provenance de la roue arrière du petit copain que l’on suit) et rester en contact vocal dans les portions tout terrain. Ayant démarrés un peu violemment, les passages de relais ont eu lieu entre Nico et Fred, restant personnellement lâchement planqué derrière eux. Du moins au début. On traverse quelques gués où l’eau arrive au niveau du guidon ainsi qu’un ruisseau assez costaud… dans le sens de la longueur. Ludo, Seb et Christophe, partis 5 minutes derrière nous, ne nous rattrapent qu’au début du dernier tiers. Et on termine par 2 kms de pure souffrance dans un chemin pire que tout. " Dis Eric, dis Nico, z’auriez pas une barre énergétique par hasard ? ". Ludo, Seb et Christophe nous ont mis 10 minutes, les salauds.

Suivent douche (bonjour l’état du vestiaire après), nettoyage des vélos (soigneusement rangés dans les camions du club) et puis le repas avec toutes les équipes, avec Pierre qui dort dans son assiette, Samy qui a les yeux plus gros que le ventre, Romuald qui part pioncer discrètement, …

 

La rando de nuit est annulée pour cause de météo catastrophique. C’est dommage mais logique. On investit le gîte que notre bon président a loué pour la nuit. L’ambiance est terrible, agrémentée du bruit incessant de la pluie sur le toit (on est sous combles).

Le lendemain matin, le Run & Bike, exercice hautement amusant qui consiste à faire partir simultanément un équipier en course à pied et les deux autres en course à pied et en VTT, séparés par 1,5km. La tactique habituelle consiste à ce que les deux équipiers laissent un vélo pour le troisième et s’échange le vélo entre eux deux jusqu’à ce que le troisième les rattrappe. A ce moment là, il y a 2 vélos pour trois personnes. Petite astuce, c’est toujours à celui qui est en tête de laisser son vélo. Dans le cas contraire, il y toutes les chances pour que l’équipe se retrouve avec 2 coureurs à pied et un VTtistes mais avec 2 vélos, ce qui n’est pas très pratique. L’idéal est de rester en visuel et de faire des relais très courts (500m max). Mais l’écart entre la théorie et la pratique est souvent abyssal.

Je me place fort judicieusement sur la ligne de départ. Pan ! nous voilà parti. Les échanges se passent assez bien entre Nico et moi. Le terrain est infect pour courir. Souvent, on passe mieux à pied qu'en vélo. Et chose qui me fait bien rire, je vois quelques coureurs revenir sur leurs pas parce qu'ils sont passés à côté de leur vélo sans le voir. Seb et Ludo me doublent comme des avions. Nico et moi gardons un rythme régulier et tout à fait honorable. Fred finit par nous dépasser et on commence le relais à trois. P., qu'est ce que ça va me faire plaisir de rouler avec mon spad et non celui de Nico.

Les différences de positions sont impressionnantes. Ben, de mon vélo, point en vue. Ca fait longtemps que je cours et je commence à maudire Nico pour un passage de relais beaucoup trop long. Et ça commence à être très, très long. trop long. Je vois Fred revenir comme un dératé : Nico est à pied en tête de l'équipe. On a oublié un vélo. Je récupère le bike et poursuis la course tandis que Fred retourne à pied sur ses pas essayer de récupérer mon spad. Je finis par rattraper Nico à 300 m de l'arrivée. On fait un ultime échange tandis qu'il peste comme un putois et que j'essaye de lui expliquer ce qui s'est passé. Et on s'arrête à 1 petit mètre de la ligne, attendant Fred. Les minutes s'écoulent par paquets entiers. On discute avec une dame qui faisait le ravito à mi parcours. C'est là que le vélo a été oublié et c'était Fred qui était à pied à cet endroit. Il finit par arriver, à fond. On passe la ligne. Nico se prend un savon parce qu'il n'a pas mis le vélo dans le bon sens et moi parce que je n'ai pas mis des pneus suffisamment accrocheur pour la boue.

Malgré cela, la cohésion est toujours là, ou au moins on essaye. Ensuite vient l'épreuve du Road-Book. Philosophie : on ne fait plus travailler que les cuisses mais également le cerveau. Frédéric l'organisateur parlait d'épreuve de navigation. Vu l'état des chemins, nous lui fîmes fort à propos remarquer que la terminologie prêtait à confusion.


Dans un ordre pris au hasard, les équipes étaient appelées 3 par 3, toutes les 5 minutes. A partir d'une
distance et d'un azimut, elles devaient être capables de reporter sur une carte de point où se situaient 2
balises. Chaque équipe devaient poinçonner se feuille de route sur chacune d'entre elles, sachant que la
deuxième étaient le départ du Road-Book à proprement parler. Notre équipe et celle de Ludo, Christophe et
Seb doivent partir dans les dernières. Donc on s'installe, on bricole, on discute (surtout que le soleil pointe le bout de son nez) , . on n'entend pas quand on nous appelle. C'est comme ça que Ludo-Christophe-Seb se prennent 20 minutes de pénalité pour ne pas avoir placer correctement les points sur la carte et que nous même  perdons 2 minutes alors qu'on était dans le tour juste après eux et en train de discuter avec l'organisation.

Bref, on part. Mon grand plateau ne passe plus : le bonheur. On quitte la route pour rentrer dans la forêt et là, l'extase sublime : le terrain ne correspond pas, mais alors pas du tout à la carte (datée de 1977). On finit par trouver la balise en se référant aux courbes de niveau et à l'orientation d'un beau morceau de route bien rectiligne, le tout agrémenté d'un peu de réussite. Ouf le plus dur est fait, maintenant, un beau chemin tout droit et on arrive sur la deuxième balise comme une fleur. Sauf que (y'a eu un paquet de « sauf que » au cours de ce raid) il y a une magnifique barrière non-marquée sur la carte et parfaitement infranchissable qui court parfaitement perpendiculairement à notre beau chemin tout droit. Agauche ou à droite ? Allez, au pif, à gauche. Mal joué, 1,5km à s'éloigner plein Est. A tel point qu'on sort de la carte. D'un pratique pour s'orienter. Ca y est, voilà la porte. On rentre dans la propriété.  Maintenant, il faut retrouver des repères. « Première à gauche ? » insiste Nico. OK, on y va. Pile sur la balise, OUF. Surtout qu'on y arrive en même temps que Ludo et son équipe, partis 5 minutes avant nous. 

On part sur le rando book et d'entrée de jeu, les cases correspondent peu voire pas avec le terrain. Ca commence bien. Après quelques hésitations, on finit par retrouver la correspondance entre les deux et on passe à la vitesse supérieure. On a l'occasion de voir Samuel raté son déchaussage et faire un plongeon dans une magnifique mare de boue. Pau après, on croise en réprimant un sourire Frédéric, le patron de l'organisation, qui a explosé les plaquettes de frein AR sur sa moto ainsi que crevé sa roue AV. L'allure est très soutenue mais jamais précipitée de façon à ne jamais perdre le fil du Rando Book. La transmission de Nico a rendu l'âme au Run & Bike si bien qu'on y perd un peu en vitesse moyenne et lui, beaucoup en plaisir. Quant à la lecture du rando book, je vous laisse imaginer le tableau avec un oil rivé sur le document accroché à mon cintre, l'autre en train de surveiller la patinoire qui nous sert de terrain de jeu, le cerveau en train de faire le calcul mental de la distance encore à parcourir avant la prochaine case à partir des indications de mon compteur, en essayant de garder en tête la config du carrefour suivant pour avoir un coup d'avance, le tout avec un porte-carte couvert de boue que je n'arrête pas d'essuyer, le tout agrémenté des questions insistantes de Fred me demandant systématiquement où on est et combien de kilomètres il reste à faire.

Ce fut comique. On traverse également quelques gués sympathiques ainsi qu'un ruisseau durant 900m avec des grosses caillasses au fond dans le sens de la longueur bien évidemment. Puis à mi-parcours, les équipes dépassées (parfois complètement en vrac) se font d'un coup beaucoup plus rares. On en rattrape encore une (avec eux, il n'en restait que deux devant nous d'après les organisateurs au deuxième ravito) dans une portions de forêt bien abîmée par la tempête, idéale pour se paumer, que l'on dépose à la faveur d'un bourbier particulièrement gras. Et puis nos regards se portent sur le sol : plus de traces. Et je suis sûr du chemin. La première équipe a du se perdre, on ouvre le circuit alors qu'on est parti dans les derniers. On commence à croire en la possibilité de la victoire de cette spéciale, ce qui nous vengerait de notre Run & Bike raté.

Un dernier gué à traverser, tellement balèze qu'on décide de prendre la passerelle à côté (une fois n'est pas coutume). Les spectateurs nous confirment qu'on est les premiers à passer, et on rejoint la fin du parcours VTT de la veille, un cloaque de boue immonde.


Qu'à cela ne tienne, l'anticipation de la victoire nous donne des ailes. Après quelques paquets de minutes de galère où les Pythons se sont aussi bien comportés que les Michelin, on sort des chemins et on attaque les 300 derniers mètres bitumés, à fond comme de bien entendu. Le panard, on est les premiers et à priori loin de la deuxième équipe. Reste à laisser jouer le jeu des départs différés. On en profite pour aller nettoyer les vélos et prendre notre douche et à notre retour, on apprend que la première équipe qui s'est paumée vers la fin, c'étaient Ludo, Seb et Christophe qui, eux, ne s'étaient pas trompés au tout début et qui nous étaient donc passés devant sans nous doubler

Les résultats tombent lors de la remise des prix finale, donc longtemps après, assez longtemps pour bien stresser mais c'est bon, on a effectivement gagné l' « étape » et on fait 3° au général. Ludo, Christophe et Seb font premiers. Et comme nos tenues du club ont été décimées par la boue, on se les échange en catastrophe pour la remise des prix. Bref, une ambiance générale et interne au club du tonnerre, une organisation sans faille, un concept génial, un suspens permanent, des résultats excellents des 7 équipes du club et un plaisir de rouler dans la boue que l'on n'imaginait pas au début. THE panard.

Pour St Agil, un seul précepte, n'y aller que s'il pleut. Car la boue est alors liquide. S'il fait beau, ça devient de la colle et alors, ça a toutes les chances d'être l'enfer. Le genre d'épreuve qu'il faut faire une fois dans sa vie. L'année prochaine, j'en suis, sans l'ombre d'une hésitation.


Eric